L’industrie est un véritable socle pour notre économie. Elle fait face aux enjeux du XXI° siècle : la relocalisation des secteurs stratégiques, la réduction de l’empreinte carbone ou encore la digitalisation. D’autre part un écosystème complet permet de développer l’entreprenariat dans l’industrie et la tech de plus en plus mature. Quelle place les start-ups ont-elles dans l’industrie et comment sont-elles accompagnées?
L’écosystème des start-ups à son âge d’or
Alors que l’éctualité fait tanguer l’économie mondiale, les levées de fonds par les entrepreneurs atteignent des records. Entre 2015 et 2020, selon une étude du cabinet EY sur le baromètre du capital-risque en France, les levées de fonds françaises sont passées de 1,81 milliards d’euros à 5,39 milliards, avec une croissance moyenne de 25% par an. Ces chiffres viennent confirmer tant le véritable dynamisme du secteur qu’un attrait grandissant pour le modèle économique des start-ups.
En parallèle de cette croissance, l’écosystème entrepreneurial français s’étoffe d’année en année. Nous voyons émerger des incubateurs, de nombreuses initiatives gouvernementales et des investissements de plus en plus conséquents.
Des lieux
Xavier Niel a ainsi créé Station F à Paris en 2017, le plus grand incubateur de start-ups au monde qui abrite aujourd’hui plus de 1000 start-ups et 26 programmes d’accompagnement.
On a également vu naître en 2016 la French Tech, mouvement en provenance de la BPI et qui vise à favoriser l’émergence de pépites technologiques dans l’univers des start-ups françaises. Les derniers gouvernements en ont bien compris les enjeux aux quels nous faisons face. Ils veulent renforcer la souveraineté technologique de la France en s’appuyant sur ces jeunes pousses. Ainsi Emmanuel Macron a créé deux sélections d’entreprises dont la liste est publiée tous les ans, les NEXT 40 et 120, qui regroupent les start-ups françaises les plus prometteuses. La bonne nouvelle c’est que selon une étude du gouvernement, les start-ups avec une dimension industrielle sont le premier secteur représenté (27%) suivi par celles du secteur de la santé et celui des Fintech !
Des licornes
Par ces initiatives Emmanuel Macron souhaite augmenter le nombre de licornes, soit le nombre de start-ups dont la valorisation est supérieure à 1 milliards d’euros, à un objectif de 25 en 2025 pour faire de la France un acteur de référence dans l’écosystème entrepreneurial. A date on en dénombre 15, parmi lesquelles Mirakl, Alan ou encore Content Square pour les plus connues.
Alors que la part de l’industrie dans le PIB mondial est de 20%, la prochaine licorne française sera-t-elle industrielle?
La place de l’entreprenariat dans l’industrie ?
Dans un premier temps, l’industrie a été la grande oubliée des entrepreneurs et des investisseurs. Le dialogue entre la tech et les usines a été coupé. Cependant, on observe au cours des dernières années une émergence de start-ups liées au monde de l’industrie. Côté start-up, les entrepreneurs ont pris conscience que les industriels faisaient face à la révolution du 4.0 et qu’il y avait des opportunités de marché.
Côté industriels, ces derniers ouvrent plus facilement les portes de leurs usines. Ils ont compris que les entrepreneurs peuvent leur faire bénéficier de solutions simples, peu onéreuses et très rapidement activables.
On peut également observer une évolution chez les acteurs qui accompagnent les start-ups dans leur croissance et les industriels dans leur transition. Du financement à l’accompagnement, découvrons ensemble l’action de ces nouveaux venus ainsi que leurs rôles dans cet écosystème bien particulier.
Le Venture Capital : l’argent, nerf de la guerre
Un fond de venture capital (VC ou capital-risque, en français), va prendre des parts de sociétés non cotées en échange d’un investissement et d’un accompagnement. Ces mises de fonds vont intervenir aux différents stades de maturité de la start-up, depuis le seed jusqu’à l’IPO ou le rachat.
Les fonds peuvent se positionner de plusieurs manières. Ils peuvent être agnostiques, investir dans des technologies particulières comme l’IA, la blockchain ou l’audiovisuel par exemple. Mais certains se positionnent différemment, sur des marchés comme l’éducation, la santé ou encore l’industrie 4.0.
On assiste depuis quelques années à la création de fonds spécialisés en deeptech ou sur le marché de l’industrie 4.0, tels Sofimac Innovation, Aster Capital ou ACE Capital Partners, qui vont investir sur l’ensemble des phases de croissance des start-ups. Il y a plusieurs avantages à se faire financer par des fonds spécialisés. Ils connaissent le marché de l’industrie, son évolution, ainsi que leur potentiel impact en termes de synergies, via la création d’un écosystème de start-ups en lien avec l’industrie.
Pour les start-ups développant un produit physique il est important d’être accompagné. Elles peuvent faire appel à un fond spécialisé sur leur marché pour appréhender les cycles de développement produit, plus longs et plus complexes que ceux des softwares.
Le Corporate Venture Capital, des partenariats fructueux dans l’indsutrie
De nombreux industriels créent des CVC, des fonds d’investissement rattachés à l’entreprise. Ils ont bien compris l’intérêt qu’ils avaient à financer et accompagner des entreprises innovantes. Aux US, selon un rapport de la BPI, près de 50% des grandes entreprises disposent de ce type de fonds.
L’investissement fait désormais partie de la stratégie de ces entreprises. Elles bénéficient de cette manière des compétences et des technologies de la start-up, leur donnant ainsi un avantage concurrentiel. Selon un rapport de KPMG cela coûterait aux entreprises dix fois moins cher que de développer le projet en interne.
Pour la start-up les avantages ne sont pas négligeables non plus. Selon une étude de Deloitte, 56% ont établi un partenariat commercial de ce type. La start-up sera en mesure d’attendre du groupe une contribution opérationnelle beaucoup plus forte que pour un fonds de capital-risque, comme le montre cette étude, 80% des CVC interrogés ont des objectifs d’open innovation et seulement 21% ont des objectifs purement financiers. La start-up pourra également collaborer avec le groupe afin de bénéficier de ses appareils de production et de tests.
Le groupe industriel apportera à la start-up un soutien pour la production, la distribution et lui ouvir son carnet d’adresse. Cet avantage n’est pas à négliger avec des industriels pour qui l’ouverture à l’extérieur n’est pas toujours dans leur ADN.
Enfin, les temps d’exits sont généralement plus longs que pour les VC. Cela peut profiter aux start-ups développant un produit physique dont les temps de développement sont élevés.
Il faut cependant faire attention aux clauses de préemption. De même, les décisions au conseil d’administration des CVC peuvent être plus contraignantes et moins agiles du fait que ce soient de grandes entreprises.
La BPI, fer de lance de la stratégie tech et industrielle française
La BPI est un acteur indispensable pour celui ou celle qui veut lancer une start-up avec des industriels. C’est le bras armé de l’Etat français dans son accompagnement des industriels et des entrepreneurs. Le coeur de son activité est le financement. Mais elle lance aussi de nombreuses initiatives en faveur du développement de la tech et de l’industrie.
On a vu la naissance de la French Tech, visant à créer un écosystème des start-up françaises. Puis de la French Fab qui se veut l’étendard des industriels français et qui est à l’initiative du French Fab Tour, un événement mettant en avant l’industrie sur les plages durant l’été. Tout dernièrement la BPI est à l’initiative de Tech in Fab qui veut proposer une plateforme mettant en lien les industriels et les acteurs de la tech, en proposant des contenus, des appels à projet ou des mises en relation.
Les accélérateurs et incubateurs
Il existe un environnement très riche d’entreprises qui accompagnent les start-ups : accélérateurs, incubateurs ou start-ups studio. Leur concept est simple, apporter un capital intellectuel, opérationnel et parfois financier aux start-ups.
A l’instar des fonds d’investissements, les grands groupes possèdent leur propres incubateurs. Cela leur permet de faire émerger l’innovation en leur sein et de profiter de synergies. Nous retrouvons notamment des entreprises comme TotalEnergies ou Airbus qui incubent des start-ups spécialisées dans leurs domaines d’activités. Cela permet à l’entreprise de capitaliser sur l’innovation; les start-ups, quant à elles, profitent de la capacité d’industrialisation du groupe qui les incube.
Certaines écoles d’ingénieurs comme les Arts & Métiers possèdent un accélérateur à Station F. Cet accélérateur à vocation à guider les jeunes entreprises innovantes industrielles. Il permet d’accompagner la création d’entreprises mais également de faire des liens entre les industriels et les start-ups. On y trouve par exemple la start-up fabriq qui offre une solution de digitalisation du management de la performance aux industriels.
Au-delà de ces accélérateurs, une autre catégorie d’acteurs appelés Start-up Studio fonctionne à partir d’un autre concept, c’est le cas de l’entreprise Opéo Start-up Studio. Le principe est de recruter des profils tech, des profils business et de les faire matcher. Pendant quelques mois, les aspirants entrepreneurs vont parcourir les usines afin de bien comprendre les points de frictions qu’elles rencontrent. Le start-up studio va ouvrir les portes des usines aux entrepreneurs et permettre aux industriels de co-construire des solutions qui répondent à leurs besoins. Lorsque la start-up se crée, OSS apporte des ressources techniques, opérationnelles, humaines, mais également financières en échange de parts de capital. Depuis trois ans, elle a contribué à la création de huit start-ups.
La prochaine licorne française sera-t-elle industrielle?
L’écosystème autour des start-ups françaises se muscle, on voit également de plus en plus d’initiatives autour de l’industrie 4.0. Le temps des fiançailles entre la tech et l’industrie arrive à grand pas, porteurs de projets, soyez prêts pour vous lancer dans l’entreprenariat dans l’industrie !