La 5G est au cœur de nombreux débats actuellement.
Cette technologie peut-elle nous assurer un développement équilibré entre écologie et croissance ?
Nous allons essayer ici d’aborder ces sujets avec objectivité et recul de manière à proposer une lecture constructive autour de cette technologie.
Voici un plan succinct des points que nous allons aborder, dans deux articles distincts :
- Les futur clients “grand public” qui ont des attentes auxquelles il faudra répondre pour que cette techno soit adoptée
- Les clients institutionnels tels que les états qui ont certains intérêts objectifs à voir aboutir la 5G
- Le développement de la 5G et les fantasmes associés
Puis en seconde partie
- Enfin tout ce qui tourne autour de la notion d’industrie 4.0
- Les concurrents à la 5G, la 4G bien sûr, mais il en existe d’autres
- La technologie de la 5G
- L’enjeu pour les professionnels des télécoms
- Le sujet de l’écologie bien évidemment car cela fait partie du début actuel
- Les questions relatives à la santé
Commençons simplement par enfoncer une porte ouverte.
Pour certains pays en voie de développement, l’adoption des dernières technologies leur permettent de faire des “sauts” technologiques. Prenons par exemple l’arrivée du GSM, qui a permis à certaines villes de s’affranchir du déploiement de lignes cuivre. A ce titre la 5G peut apporter la connexion haut débit sans passer par le 4G dans certaines zones. Cela dit la 5G s’appuie sur un réseau fibré pour atteindre les vitesses promises. L’investissement de départ est donc malgré tout, non négligeable.
Vous, moi, les clients grand public
Vient la question des clients grands public, vous, moi, chacun de nous.
En ce qui nous concerne, nous pourrons, semble-t-il, sentir tout de suite l’augmentation de débit et la diminution de la latence. Cela nous permettra soit de streamer de la vidéo en plus haute définition, et cela en upload ou download. Il sera ainsi possible d’héberger des services gourmands en ressources directement sur des terminaux portable. Mini serveur web, mini services de streaming. D’un point de vue liberté de diffusion de la donnée, c’est révolutionnaire. La condition est cependant que les opérateurs autorisent une telle utilisation du réseau, car nous seront toujours soumis à leur politique en ce qui concerne ce que nous pouvons faire de notre connexion.
Et vous voyez ainsi poindre un inconvénient majeur, il s’agit du respect de la neutralité du net. Cela est déjà la question aujourd’hui mais pourrait l’être d’autant plus demain. L’augmentation de la bande passante fera t’elle cesser la question du fractionnement de l’internet ou bien cela se poursuivra-t-il ? Pour être plus clair, la question est de savoir si les opérateurs doivent faire payer les diffuseurs de contenu en fonction de leur consommation. Ce qui implique la corollaire extrême : n’auront du réseau que ceux qui peuvent payer. Donc le paquet de données venant de Netflix pourrait avoir plus de “droits de passage” qu’un paquet de donnée venant d’un blogueur à l’audience restreinte et de plus maigres moyens. La neutralité du net est défendue par différents acteurs du net comme la Quadrature du net https://www.laquadrature.net/neutralite_du_Net/ , il s’agit de militer pour une égalité de traitement des paquets quelque soit leur provenance.
Déploiement, applications et fantasmes
La question du déploiement du réseau est fondamentale, alors que la couverture 4G n’est pas encore complète en France. Les acteurs publics s’appuient sur les opérateurs pour déployer dans les zones denses comme les grosses agglomérations et prennent à leur charge les zones moins denses. Ceci en théorie. Toujours est il que l’on peut imaginer que le déploiement de la 5G se déroule en priorité là ou il y aura un marché, c’est à dire à nouveau dans les grosses agglomérations. Augmentant de fait la fracture numérique des Français.
La protection de la vie privée est aussi un sujet qui nous concerne tous. Les opérateurs télécoms possèdent déjà une énorme quantité d’informations à propos de nous. Pour assurer la connexion sans heurt de nos terminaux, les opérateurs calculent en permanence notre position, notre vitesse et nos déplacements. Donc sur les routes et autoroutes aussi par exemple. Pourquoi alors utiliser des radars de vitesse ? De plus chaque comportement hors du commun effectué avec votre téléphone peut être répertorié et remonté. Comme par exemple une extinction (qui laisse son téléphone tomber sans batterie de nos jours ?) ou bien encore la numérotation manuelle d’un appel plutôt que de passer par l’annuaire.
L’utilisation de cette donnée est bien entendue soumise à la RGPD, mais cette donnée existe et est accessible aux services de police, cela sans le mandat d’un juge depuis la loi sur le renseignement de 2015. La 5G ne va pas être une révolution dans ce contexte, mais simplement permettre l’agrégation d’encore plus de données.
Quelles applications ?
Voyons maintenant les applications concrètes dans la vie de tous les jours. Applications dont on nous répète à longueur de débat qu’elles vont nous changer la vie. La voiture autonome et la chirurgie à distance.
La voiture autonome
Pour l’instant, elle n’est pas prête, spécialement en France. Ceci pour beaucoup de raisons, et le frein n’est pas la capacité de connexion des véhicules. La 5G permettrait d’augmenter considérablement les possibilités d’échange d’informations entre véhicules et entre véhicules et environnement. Cependant on ne peut imaginer que la puissance de calcul liée à la conduite autonome soit déportée uniquement dans le cloud. Dans tous les cas il faudra que la puissance de calcul soit locale, du moins en partie. Cela pour reprendre la main en cas de bug ou de problème de connexion, tout simplement. Le 5G semble donc secondaire dans ces conditions.
Chirurgie
La chirurgie est aussi un axe fortement mis en avant. D’après les professionnels de santé rencontrés et interrogés, nous sommes encore loin de l’avènement massif de la téléchirurgie 5G. Un tel dispositif existe déjà, mais le chirurgien se trouve alors dans une salle avoisinant le bloc opératoire. Il peut visuellement suivre ce qui se passe dans la salle, avec le patient. La téléchirurgie nécessitera la présence d’une équipe complète sur place, prête à prendre le relais sur le chirurgien en cas de pépin, de connexion, de pépin mécanique, etc… Par exemple il arrive que les outils se mettent dans des positions desquelles on ne peut les retirer depuis le robot. Il faut une intervention humaine pour replacer l’outil correctement.
Quel marché ?
La téléchirurgie, étant donnée le matériel et les équipements qu’elle nécessitera, sera forcément plus chère. Elle sera réservée à des cas particuliers, soit pour lesquels le praticien expérimenté se situera trop loin pour imaginer se déplacer, ou bien lorsque le patient ne pourra pas lui même être déplacé. Enfin on peut imaginer que dans un contexte privé, certains clients souhaitant se faire opérer par une sommité reconnue, auront accès à un service payant afin de faire intervenir le chirurgien voulu, à distance.
En tout état de cause on peut oublier un déploiement généralisé.
La situation de l’hôpital public, toujours en manque de budget, parait contradictoire avec l’utilisation intensive de méthodes de chirurgie à distance. Cependant une telle technologie peut avoir un bénéfice inattendu : celui d’intéresser fortement les chirurgiens en quête de nouvelles façons d’opérer. Cela peut donc être un bon argument pour l’hôpital public, disposé à tester des méthodes nouvelles et innovantes, et donc à prendre un certain risque, pour conserver ses praticiens.
Les limites
Notons tout de même quelques inconvénients pour les chirurgiens. La téléchirurgie fonctionne bien pour les interventions statiques, c’est à dire lorsque l’on a pas besoin de manipuler le patient. Donc l’orthopédie peut être mise de coté, mais la techno sera plus adaptée à la neurochirurgie ou bien à la chirurgie viscérale.
Un autre aspect à noter est l’accessibilité pour l’anesthésiste. La présence du robot et de tout l’équipement rend le patient beaucoup moins accessible qu’en chirurgie classique. Il faut donc une adaptation de l’ensemble de l’équipe.
Et la suite ?
Nous verrons dans une seconde partie qui sera publiée mercredi, la suite des enjeux liées à la 5G.
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